Les aveugles comprend quatre tableaux (huiles sur toile, cm. 150x150 et cm. 100x81), quatre dessins sur carton (cm. 35x25) et huit gouaches sur carton (cm. 35x25). Quatre sujets forment l’ensemble de la série ; chaque sujet est traité selon quatre techniques différentes : mine de plomb, gouache dichromatique sur carton, gouache polychrome, huile sur toile.

Le sujet Madone représente une femme tenant un enfant dans ses bras, dans une posture qui rappelle la Vierge à l’enfant du Masaccio. Elle est représentée de trois quarts face ; l’enfant qu’elle tient sur ses genoux est vu de face. Les deux figures (mère et enfant) forment une masse compacte, comme sculptée en ronde bosse ; les bras de la mère se referment autour du corps de l'enfant dans un geste ultime de protection. A droite, sur le même plan, participant à l’ensemble de cette composition, on distingue un vautour (dans les mythologies antiques cet oiseau est le symbole de la mère, de la carnation et de la résurrection). Le fond est traité sans décors ni constructions apparents. La matière est travaillée en épaisseur. La surface est divisée en trois bandes horizontales comme si on percevait cette scène à travers un écran transparent.

Le sujet Les enfants représente au premier plan deux enfants vus de face, dont l'un est assis sur un mur de pierre et l’autre est debout près de lui. Leur regard, triste et angoissé, interroge le spectateur. Une chouette (symbole de sagesse) est perchée sur le mur. La surface est découpée en trois bandes horizontales, comme si on percevait la scène à distance, à travers un écran. Le fond est informe, en décomposition, presque intemporel. Une matière terreuse recouvre la surface de la toile. Dans les gouaches et dans les huiles sur toile, les couleurs, violentes s’opposent aux couleurs sombres ; les blancs et les noirs affirment ces oppositions. Dans cette peinture les collages jouent un rôle fondamental ; les pages de journaux et de magazines suggèrent un décor mural. Les éléments collés (photographies, cartes, photocopies, etc...) font allusion au vécu de l'artiste. L’intensité des regards des deux personnages est obtenue grâce à des lentilles d’appareil photo jetables collées sur leurs pupilles peintes.

Le sujet Les soldats représente trois hommes en uniforme, vus de profil, marchant de la droite vers la gauche. Le premier, les yeux bandés et un bâton à la main, dirige les autres soldats qui le suivent dans une lente procession. Les trois figures tracent une diagonale ; le long de cette diagonale on peut voir représenté les différentes phases d'un même mouvement (la marche), les trois figures n'étant qu'un seul personnage vu dans trois moments successifs. L’ensemble de la composition renvoie aux Aveugles de Brueguel. Le découpage de la surface de la toile en trois bandes horizontales a le même sens que dans les autres oeuvres de la série. A l'arrière-plan, on devine un paysage abstrait, caractérisé par des verticales et des horizontales qui, par leur aspect statique, s’opposent à la diagonale du mouvement des soldats visibles au premier plan. Dans les gouaches et dans l’huile sur toile le fond et les figures sont travaillés en aplats de couleurs, en intégrant lignes, traits et matières picturales.

Dans le tableau, aux couleurs s’ajoutent des Le sujet Le charnier représente un amas de corps luisants et horriblement mutilés. Il s’agit d’une vision froide, objective et lucide de la mort. Ce qui reste d’une vie humaine après la mort est perçu, par un regard extérieur, dans ces résidus de chairs décomposées et d’os fracturés. La perspective plongeante place ce regard au-dessus, à distance, comme s'il s’agissait d’un regard visant à sublimer le réel en une vision universelle. Dans les gouaches et dans l'huile sur toile s'imposent les couleurs violentes. La matière épaisse et rugueuse intègre, dans l'huile sur toile, des papiers collés (journaux, pages de magazines, photos, photocopies, etc.).